Syndrome « Coryza »

Par le Docteur vétérinaire Nathalie Vidal-Terrier

C’est un syndrome contagieux d’origine primitivement virale caractérisé par :

  • Des lésions inflammatoires des voies respiratoires, de la conjonctive, de la cavité buccale.
  • Cliniquement, par une rhinite, une conjonctivite, une glossite.

Il représente 80 % des maladies respiratoires du chat. Il est grave car, en dehors des symptômes respiratoires et oculaires, il peut évoluer vers la mort.

C’est surtout une maladie d’effectif, les animaux de tout âge, de sexe indifférent, de toutes races sont atteints.

Le syndrome coryza est du à deux virus principaux dans 80 % des cas : l’herpès virus de type I et le calicivirus. De nombreux autres agents infectieux peuvent venir se rajouter à la primo-infection virale, en particulier, Chlamydia felis (responsable de la chlamydiose).

C’est pourquoi, dans les divers chapitres de ce sujet nous allons procéder en traitant les différents agents infectieux séparément.

A. Les agents infectieux responsables

A.1. L’herpès virus félin de type 1

A1.1. Etiologie – Epidémiologie

Responsable de la rhino-trachéite féline, il est peu résistant en milieu extérieur. La contamination se fait par contact direct avec un chat malade, les animaux réinfectés sans symptôme clinique, les chats porteurs sains mais excréteurs.

L’excrétion virale est ici inconstante mais peut être favorisée par le stress, la thérapeutique, en particulier les corticoïdes.

Les matières virulentes sont les exsudats (toux, éternuements), les fécès.

Le virus pénètre par voie oro-nasale et oculaire et se multiplie dans les poumons dès le neuvième jour d’infection mais aussi dans l’appareil génital entrainant alors des avortements.

A.1.2. Clinique

L’incubation dure de 2 à 6 jours. Les signes cliniques sont :

  • Hyperthermie
  • Abattement
  • Anorexie
  • Eternuements
  • Ptyalisme
  • Jetage oculo-nasal
  • Conjonctivite
  • Toux
  • Avortements possibles

Les symptômes persistent de 8 à 15 jours.

Le virus est très contagieux mais la mortalité reste faible (elle se produit surtout chez les chatons et les animaux immuno-déprimés).

L’infection peut aussi rester inapparente ce qui n’empêche pas l’excrétion virale et donc la contagion.

Malheureusement, dans de nombreux cas, la pathologie évolue vers la chronicité.

A.2. La calicivirose

A.2.2. Etiologie – Epidémiologie

Elle est due à un calicivirus assez résistant en milieu extérieur ( en moyenne 1 semaine).

La contamination peut donc se faire comme précédemment par contact direct mais aussi de manière indirecte par le biais du milieu.

Les matières contaminantes sont les mêmes que pour l’herpès virus avec une ^prédilection pour les selles.

La contamination se fait aussi par voir oro-nasale et oculaire.

A.2.3. Clinique

L’incubation est de 1 à 9 jours pour la forme aigue :

  • Signes oculaires, larmoiement
  • Signes respiratoires, éternuements, écoulement nasal, ulcérations possible de l’entrée des cavités nasales
  • Signes oraux, ulcérations du bord antérieur et dorsal de la langue, du palais, gingivite, souvent chronique

L’évolution se fait entre 7 et 10 jours. Le virus est très contagieux. L’excrétion virale reste possible entre 24 et 30 mois (portage chronique).

La mortalité existe et est très variable.

Outre la forme aigue, il existe :

  • Une forme pulmonaire
  • Une forme articulaire chez les chatons, boiterie, douleur articulaire, difficultés de déplacement (guérison rapide sans séquelle)
  • Stomatite chronique ayant souvent une répercussion sur l’état général.

A.3. La chlamidiose

A.3.1 Etiologie – Epidémiologie

Elle est due à chlamydiophila felis.

On observe une conjonctivite associée à une rhinite souvent vers l’âge de 6 à 8 semaines.

La transmission se fait par voie oculo-nasale par contact direct et étroit. L’infection persiste après guérison clinique avec excrétions sporadiques surtout lors de stress. C’est aussi une maladie des collectivités.

A.3.2. Clinique

  • Conjonctivite souvent unilatérale avec inflammation importante, larmoiement, congestion des muqueuses oculaires (très rouges). Ces symptômes rétrocèdent souvent spontanément mais l’évolution peut se faire vers des complications en particulier l’apparition d’ulcères cornéens et de kératite.
  • Rhinite avec jetage et éternuements

C’est aussi une pathologie très contagieuse dont l’évolution court sur 6 à 8 semaines.

La mortalité est faible chez l’adulte mais peut être importante chez le chaton.

Plus rarement, la chlamydiose peut entrainer :

  • Toux par atteinte pulmonaire
  • Maigreur et diarrhée
  • Forme génitale entraimant avortement et infertilité.

La transmission à l’Homme, bien que rare est possible et provoque une conjonctivite bénigne.

B. Diagnostic

Il existe des tests permettant le diagnostic de chacune de ces pathologies, La méthode la plus fiable à l’heure actuelle est la PCR (Polymerase chain reaction).

La PCR détecte directement le génome des agents infectieux.

C. Prophylaxie

Elle est :

  • Sanitaire : Quelquefois difficile à mettre en œuvre en raison des porteurs sains. Il faut isoler les animaux malades. La désinfection doit utiliser des produits actifs sur les trois agents pathogènes. Pour le calicivirus, un vide sanitaire minimal de 10 jours est nécessaire. IL faut toujours penser à la mise en quarantaine, surtout ici où le stress est un facteur important de l’apparition de la maladie chez les porteurs latents.
  • Médicale : Il existe aujourd’hui des vaccins contenant les valences calicivirus-herpès virus et chlamydiose. Deux injections sont nécessaires à 3 semaines d’intervalle en primo-vaccination dès l’âge de 9 semaines, les rappels sont annuels ou bisannuels dans les milieux à haut risque (collectivités). Pour certains, une primo-vaccination à 6 semaines puis rappels à 9 et 12 semaines serait envisageable.

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